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    Présentation d'approches dans la ville de Lausanne (Suisse)

Ressources pour l'évaluation des compétences en langues familiales des élèves migrants

Présentation d'approches dans la ville de Lausanne (Suisse)

Evaluation des compétences familiales à l’entrée du système éducatif

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Contexte

Pour l’école, la prise en compte de la pluralité des langues dans la construction des répertoires langagiers s’inscrit dans une prise en charge globale de l’élève. Elle fait partie des prescriptions officielles du plan d’études de la région linguistique en question (germanophone, francophone et italophone). Dans le canton de Vaud, elle figure dans la loi sur l’enseignement obligatoire Ordonnance sur les langues
Plan d’études romand
(LEO, art.8) et dans le règlement d’application (RLEO, art.6) dans le soutien aux langues et cultures d’origine. Elle s’inscrit aussi dans un projet politique (concept 360 degrés s’insérant dans une législature allant de 2017 à 2022) affichant une perspective inclusive. Dans le cadre de cette législature, une Unité Migration Accueil (UMA) a été créée. L’UMA s’inscrivait dans la gestion du Canton au DFJC (Département de la formation, de la jeunesse et de la culture) au début du projet.Depuis juillet 2022, le DFJC a été remplacé par le DEF (Département de l'enseignement et de la formation).

Le
CREAL (Le Centre de Ressources pour Elèves Allophones) existe depuis 2006. Il centralise la question de l’arrivée des primoarrivants en âge de scolarité obligatoire à Lausanne. Il s’inscrit dans un processus qui vise à accueillir, encourager, rassurer le nouvel arrivant avec sa famille en regard de la réussite scolaire locale (parcours officiel). Il s’agit de donner envie aux élèves de montrer ce qu’ils savent faire, de les renforcer afin de leur donner envie d’apprendre et de s’engager dans l’école vaudoise. Les jeunes primo-arrivants de 15 ans révolus au 31 juillet à 25 ans sont accueillis et orientés par le Portail migration.

Il existe donc des lois, des accords et un projet politique qui légitiment les structures scolaires et extrascolaires sur ces questions de prise en compte des langues dites d’origine. Mais force est de constater un décalage entre les prescriptions et les pratiques quotidiennes de la place laissée à la pluralité des langues (dans les classes et dans la formation).

S, personne impliquée dans le dispositif d'accueil du canton de Vaud de l’UMA
(unité migration accueil)

« L'entretien d'accueil est primordial. C'est la première pierre pour construire un lien d'appartenance avec le lieu. Mon rôle est celui d'une passeuse, une facilitatrice de mondes. Pendant les échanges, même si je ne comprends pas la langue, je vais essayer de rejoindre l'autre. J'ai un cadre avec des renseignements à prendre, mais je vais me mettre à l'écoute de ce que je ressens, de ce que je vois, de ce que je ne comprends pas. Je suis attentive aux mimiques sur un visage, à une posture, un regard, une respiration, un tremblement dans une voix. La relation avec l'interprète communautaire est primordiale. Je nomme les inquiétudes, j'aide à identifier les besoins. Et lui, plus qu'une traduction, il transmet, reformule en fonction de ce qu'il sait de notre système et de ce qui se passe de leur côté. Je suis très attentive aux métaphores qu'il reprend. Notre lien est subtil. Parfois il y a de la méfiance envers le système et d'autre fois envers les personnes. Parfois ça marche et parfois pas. Sécurité, écoute des besoins et parfois confrontation. L'interprète comprend au-delà des mots. Et moi, je suis simplement à la recherche de l'humain que j'ai en face de moi pour lui donner envie d'apprendre et de créer du lien. »

CM, personne impliquée dans le dispositif d’accueil du canton de Vaud de l’UMA
(unité migration accueil)

« Ce moment dédié à l’entretien d’accueil est un temps indispensable pour accueillir et intégrer un enfant ou un jeune et sa famille dans notre système scolaire. Dans un monde idéal, tous les enfants de la scolarité obligatoire (allophones ou non) devraient pouvoir bénéficier d’un entretien d’accueil. Pour moi, il s’agit d’un incontournable et d’une première étape dans la construction de la relation école-famille. En réalité, dans ma pratique d’enseignante d’accueil (cycle 3), je n’ai jamais travaillé sans. Le temps consacré à l’entretien d’accueil va au-delà du moment passé avec la famille (qui dure en général entre 1h et 2h selon les familles). Il se prépare à l’avance : le secrétariat nous transmet déjà quelques informations administratives qui nous sont précieuses pour préparer les documents concernant les outils de positionnement (choix des textes en langue d’origine par exemple) ainsi que les informations et brochures dédiées à la primo information. Il est nécessaire de faire appel à un interprète formé ... » En savoir plus

L’entretien d’accueil

A Lausanne, l’entretien d’accueil  • Guide entretien
• Formulaire entretien
s’effectue à l’arrivée avec les parents et avec parfois une connaissance de la famille et un interprète professionnel qui assure le passage entre les deux langues. Il permet de reprendre le parcours scolaire et le projet migratoire familial et d’expliquer les enjeux de la scolarité en Suisse, etc. Cet entretien vise à construire une relation de confiance entre les parents, l’enfant et le monde de l’école et de donner des éléments qui permettront à tous de se situer.
L’entretien d’accueil comporte plusieurs phases :

  • accueil et récolte d’informations générales et administratives
  • informations sur le parcours de vie, trajet migratoire et parcours scolaire
  • évaluation des compétences scolaires (outils de positionnement)
  • questions relatives à la santé physique et psychologique, aux projets et aux intérêts, orientation scolaire et propositions d’aides
  • informations utiles à l’intégration des familles (primo information).
  • L’entretien dure en général entre 1h30 et 2h et la présence d’un interprète est indispensable.

    Le « Guide entretien d'accueil » donne des indications sur la conception de l'entretien.  « On demande une lecture orale à l’élève dans la langue familiale puis on lui pose des questions dans la même langue ou en français ou les deux sur ce qu’il vient de lire. Les questions viennent en fonction de l’entretien. On vise à situer l’élève pour voir s’il sait lire et oraliser une histoire en y mettant du ton, en variant le rythme etc. Et on vérifie sa compréhension « basique » du texte (de quoi parle l’histoire, qui sont les personnages, quel genre de texte) puis s’il connait ou non cette histoire par rapport à son parcours scolaire. Il s’agit surtout de donner envie aux élèves de montrer ce qu’ils savent faire, de les renforcer afin de leur donner envie de s’engager dans l’école et apprendre. » (Guide de l’entretien d’accueil, p. 10).

    L’outil de positionnement

    L’évaluation des compétences scolaires s’effectue à l’aide d’outils de positionnement. Afin de déterminer l’orientation la plus fiable possible, il est préférable de mener ces évaluations durant l’entretien d’accueil (elles durent en général 30 minutes). Néanmoins, dans des situations exceptionnelles (enfants traumatisés par exemple), il est possible de réaliser ces évaluations ultérieurement (en classe par exemple durant la première semaine d’école). Il existe plusieurs outils de positionnement : en langue d’origine, en français et en mathématiques (voire en anglais). L’UMA a développé des outils de positionnement spécifiques pour le public des élèves allophones ainsi que pour les élèves peu ou non scolarisés. Il peut y avoir de grands décalages en mathématiques et en langues. L’outil a un statut diagnostique qui vise à situer les connaissances des élèves par rapport aux attentes de l’école vaudoise. Il n’y a pas de papier officiel qui marque ce passage (diplôme ou certificat). On se réfère aux regroupements (élèves de 5-6 ans ; élèves de 6-8 ans ; élèves de 8 à 12 ans).
    Les outils de positionnement concernent tous les degrés de l’école obligatoire ainsi que les élèves allophones primo-arrivants du post-obligatoire (15 à 25 ans via le Portail migration).
    Les questions qui vont être posées concernent trois entrées :

    1. par rapport à une logique de l’oral   On demande une lecture orale à l’élève dans la langue familiale puis on lui pose des questions dans la même langue ou en français ou les deux sur ce qu’il vient de lire. Les questions viennent en fonction de l’entretien. On vise à situer l’élève pour voir s’il sait lire et oraliser une histoire en y mettant du ton, en variant le rythme etc. Et on vérifie sa compréhension « basique » du texte (de quoi parle l’histoire, qui sont les personnages, quel genre de texte) puis s’il connait ou non cette histoire par rapport à son parcours scolaire. Il s’agit surtout de donner envie aux élèves de montrer ce qu’ils savent faire, de les renforcer afin de leur donner envie de s’engager dans l’école et apprendre. » (Guide de l’entretien d’accueil, p. 10). : compréhension et production à partir d’échanges familiers ou de description d’une image). Les échanges se font oralement avec une connaissance de la famille ou un interprète et la personne du CREAL (questions de l’entretien d’accueil). Voir guide « l'entretien d’accueil » ;
    2. par rapport à une logique de l’écrit, en regard de langues apprises à l’école dans un contexte scolaire antérieur.
      • « Une partie qui se fait oralement : lecture oralisation-compréhension   Voir « logique de l'oral ». d’un texte choisi en fonction des attentes scolaires liées à l’âge de l’élève, questions basiques sur le contenu de l’histoire (sur les personnages, les actions, l’espace-temps) » (Guide de l'entretien d'accueil, p. 10).
      • Une partie facultative qui se fait à l’écrit : questions écrites sur un texte ou production d’un texte en lien avec des vignettes à ordonner.

    Les observations et les résultats serviront à choisir le groupe de besoins (4 groupes: Grands débutants (alphabétisation), débutants, intermédiaires et avancés) ou encore à envisager l’appui d’autres professionnel·e·s, comme les enseignant·e·s de cours intensifs de français (CIF), de logopédistes, de psychologues, d’éducateur·e·s ou enfin à décider de mettre ces élèves dans une classe « ordinaire » en fonction de leur âge. Les personnes qui font passer l’outil ont plusieurs textes à disposition et choisissent dans la situation celui qu’elles veulent proposer à l’élève, le plus souvent en fonction de l’âge.

    Sur le terrain, problématiser le passage entre différents mondes et donner des repères pour sérier et organiser le travail avec des élèves allophones ont été nécessaires. Raison pour laquelle, une brochure consacrée aux transitions que vivent les élèves allophones et une autre rappelant les points essentiels du travail à effectuer ont été produites. La première brochure reprend les multiples transitions d'un élève allophone (pays d'origine et canton de Vaud, classe d'accueil et classe régulière, préscolaire et école, famille et école etc.) leurs spécificités et leur cadre légal. Pour la deuxième brochure sont rappelés des principes importants de la prise en charge du travail avec ces élèves ainsi que des sites.

    Cette partie a été réalisée avec la contribution de S. Fournier, Enseignante de classe d’accueil et collaboratrice, à l’UMA (unité de migration accueil, Lausanne).