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Présentation d'approches en Suède

Évaluation des compétences (notamment en langue) à l’entrée du système éducatif et poursuite des apprentissages dans cette langue

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Contexte

Sur le site de la Direction de l’enseignement scolaire :

« La langue maternelle joue un rôle très important dans l’identité et l’estime de soi de l’enfant. La langue maternelle constitue la base de la capacité de l’enfant à apprendre. L’enfant qui maitrise sa langue maternelle trouvera plus facile d’apprendre une langue seconde et les autres matières scolaires. Une population multilingue constitue un grand avantage pour la société. »

Parmi les valeurs inscrites dans la législation, la « loi sur les langues » (2009)   « Loi sur les langues » (Language Act)
Extrait : « les personnes ayant une autre lague maternelle que la langue visée au premier paragraphe [le suédois] doivent avoir la possibilité de développer et d’employer leur langue maternelle. »
fonde le droit constitutionnel à la langue maternelle et soutient ainsi le plurilinguisme des élèves.

Ainsi, une municipalité peut mettre en place des cours dans une certaine langue, à partir du moment où au moins 5 locuteurs de cette langue et résidant dans la ville en font la demande. Le pays compte ainsi 10 475 habitants (Statistikmyndigheten SCB 2022) avec 173 langues représentées dans ces cours sur tout le territoire (SCB 2019-20). Grâce à l’organisation locale/municipale de l’offre de formation en langues, les cours de langues familiales (appelés « cours en langue maternelle ») sont très répandus. Ces cours sont proposés dès la première année d’arrivée dans le système éducatif. Les évaluations des compétences suivent un programme défini au niveau national, sont mises en place à partir de la 6e (élève de 12 ans environ).

Certaines des langues peuvent être choisies comme matières scolaires par les élèves (anglais, espagnol, français), si l’établissement propose cette langue dans son programme « langues vivantes ». Les compétences en langues familiales entrent ainsi sous forme soit de matière optionnelle (cours de langues maternelles) soit de matière scolaire obligatoire (cours de langue vivante) dans parcours scolaire de chaque élève. Les pédagogies et programmes sont différents entre « cours de langues maternelles » et « cours de langues vivantes » mais les critères d’évaluation sont équivalents, fixés au niveau national.

Différentes mesures de soutien aux classes multilingues ont été mises en place depuis 2016 : un soutien scolaire dans la langue maternelle, sous forme d’outils méthodologiques (comment apprendre) a été défini, mené avec l’appui par un·e assistant·e pédagogue plurilingue. Ce soutien par un·e pédagogue plurilingue peut intervenir avant, pendant ou après les séances de cours dans les matières scolaires.

Une ancienne élève du « cours de langue maternelle » partage son expérience : 

« Je m’appelle Siri. J’habite à Uppsala, une assez grande ville en Suède. Je vais commencer mes études d’université l’année prochaine. J’ai un père suédois et une mère française. Mon père est professeur en français et le maîtrise bien. Alors le français est ma langue maternelle. J’ai commencé mes cours de français à l’âge de 6-7 ans. Le professeur venait à mon école et la leçon durait pendant une heure. Dès la sixième (12-13 ans) j’étais dans un groupe d'environ 13 personnes. On faisait la leçon tard dans l’après-midi une fois par semaine pendant 1 heure/1 heure et demie si je me souviens correctement. Ce système a été le même jusqu’à la dernière année de lycée... »
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« Le contenu des leçons change évidemment selon qu’on a 10 ans ou 19 ans. Au début on nous a appris comment écrire en écriture liée, la grammaire et l’écriture. Pendant toutes les années, on m'a enseigné avec des livres en français. Le thème des livres a bien sûr aussi changé. On a par exemple lu sur le régime de Vichy pendant la deuxième guerre mondiale et la guerre au Rwanda. Pour nous apprendre un peu sur l’histoire francophone. Pour la troisième année de lycée, c’est-à-dire la dernière on a eu des cours sur comment écrire des lettres formelles (les CV, lettres personnelles etc.).
Au niveau oral, je ne pense pas que les leçons de langue maternelle m'ont aidée à améliorer mes compétences. Comme les leçons durent seulement une heure par semaine, je parlais plus de français à la maison. Par contre, je pense que la majorité de mes compétences en grammaire française m’ont été enseignées dans mes cours de langue maternelle. En combinant les devoirs et les cours en classe, je pense que c’est comme ça que j'ai appris la lecture et la grammaire. Sans les cours de langue maternelle j’aurais sûrement été analphabète en français.
Je pense que j’ai bénéficié de mes cours de langue maternelle, parce que c’est reconnu comme un cours dans le lycée, c’est-à-dire que j’ai eu une note en langue maternelle. Si on a une mauvaise note dans une matière, on peut la remplacer avec la note de français si elle est meilleure. Quelque chose que j’ai fait moi-même et que je sais que d'autres ont fait aussi ».

Test de positionnement

Une évaluation diagnostique pour évaluer les acquis des scolarisations antérieures et autres sphères de sociabilisation (familles, etc.)

L’organisation de l’accueil et scolarisation des élèves arrivants est centralisée au niveau du Ministère d’Education (depuis 2016), de façon à garantir une même qualité d’accueil et une équité en termes d’éducation. Ainsi ce sont les mêmes matériaux et processus d’évaluation pour tous les élèves. Les cours en langues maternelles peuvent être suivis jusqu’à la fin de la scolarité et donnent droit à des points supplémentaires qui peuvent aider pour l’accès aux études supérieures par exemple.

Au niveau national, il y a 2 étapes obligatoires liées à l’accueil et à l’évaluation des compétences des élèves arrivant dans le système éducatif suédois, réalisées au plus tard 2 mois après l’arrivée de l’élève :

  • un entretien avec l’élève et sa famille, en présence d’un·e  interprète : l’élève est questionnée sur ses langues et leurs usages (maison, amis…), son vécu et sa scolarité antérieure, sa façon d’apprendre, son projet / ses attentes en Suède ;
  • une évaluation des compétences littéraciques et numériques, à partir d’un même matériau (textes traduits dans une vingtaine de langues). A l’occasion de cette épreuve, une attention particulière peut être portée sur l’expression orale (fluidité, cohésion, etc.) en lien avec le guide que suit l’évaluateur·trice.

Qui sont les acteurs des évaluations ?
Ces évaluations, mises en place conjointement par la ville et l’école, sont prises en charge par les enseignant·e·s avec le soutien d'interprètes ou d'enseignant·e·s de la /des langue(s) familiale(s) de langues des municipalités ou des expert·e·s recrutés pour l'évaluation.

Objectifs :
Les objectifs sont à la fois de mesurer les acquis d’une scolarisation antérieure en termes de compétences cognitives, littéraciques, numériques, pour l’entrée dans le nouveau système scolaire (évaluation diagnostique) et également de permettre la continuité entre les parcours (scolaires et personnels) en évaluant les compétences orales et en offrant la possibilité de poursuivre les apprentissages dans la/les langues familiale/s ou la langue de première scolarisation.

L’évaluation est donc à la fois diagnostique et formative. Le retour à l’élève et sa famille n’est pas rendu sous forme de note mais d’appréciation de façon à souligner davantage les compétences présentes / mobilisées, les forces et les domaines à consolider. L’élève choisit la langue dans laquelle il souhaite passer le test de positionnement.

Références

Sur les programmes en lien avec les enseignements des langues maternelles et des travaux de recherche liés :

  • V. Simon (2017), « Enseigner 200 langues à l’école, le défi suédois », in C. Tremblay, C. Clairis & J.-C. Beacco, Plurilinguisme et éducation, vol. II, p.36-47

Sur le rôle des pédagogues plurilingues qui viennent en appui aux apprentissages scolaires dans le système éducatif suédois :

  • A. Reith Warren (2017), Developing multilingual literacies in Sweden and Australia: Opportunities and challenges in mother tongue instruction and multilingual study guidance in Sweden and community language education in Australia. Ph-D Thesis Stockholm University, Faculty of Humanities, Department of Language Education.

Cette partie a été réalisée avec la contribution de V. Simon, Enseignante-chercheure, département des sciences de l’éducation, université d’Uppsala.