3.1. Je contrôle mon propre temps de parole afin de laisser davantage de temps aux élèves pour participer. J’ai conscience du fait que les enseignants accaparent une grande partie du temps de parole d’une classe (en moyenne entre 60 et 80 %) et qu’ils sous-estiment cette durée tout en surestimant la part qu’ils laissent aux élèves. En conséquence, je réfléchis bien à ce que je vais dire, quand et comment.
3.2. Pour faciliter l’apprentissage linguistique des élèves, les échanges oraux dans ma classe se font plus lentement. Je laisse suffisamment de temps aux élèves pour construire des énoncés judicieux et complexes. En général, j’attends entre trois et cinq secondes après avoir posé une question ou suscité une réaction avant de donner la parole à un élève. Mes élèves ont besoin de temps pour réfléchir à la façon d’exprimer leurs pensées et leurs idées de manière cohérente. Ainsi, j’évite de bombarder mes élèves de questions. Outre le fait de prévoir suffisamment de temps pour les (ré)actions verbales des élèves, je leur propose souvent des cadres structurels, des amorces de phrase et des modèles d’énoncés complexes qu’ils peuvent utiliser à diverses fins dans les échanges en classe.
3.3. Je pose des questions ouvertes aux élèves afin qu’ils ne puissent pas répondre par un mot unique ou par de simples gestes. Dans les discussions en classe, j’évite les questions préparées à l’avance et les structures de dialogue triadique : modèle IRF : ouverture (initiation), réponse (response) et rétroaction (feedback). Ces configurations enferment les élèves dans un rôle réactif et compliquent, voire bloquent, le développement de leurs compétences en langue académique parce qu’ils ne les incitent pas à s’exprimer sur une longue durée et de manière suivie, et ne leur apprennent pas comment engager un discours spécifique à une matière ni comment influencer son cours.
3.4. Je ne corrige mes élèves que lorsque la maîtrise linguistique est importante pour atteindre un objectif spécifique à une matière.
3.5. J’adopte une attitude respectueuse lorsque les contributions des élèves sont inappropriées du point de vue de leur contenu ou sur le plan linguistique et j’essaye de les encourager à se corriger eux-mêmes ou à se faire corriger par leurs pairs, par exemple en répétant les éléments de l’énoncé d’un élève sur un ton interrogatif, en utilisant une gestuelle corporelle interrogative, en demandant des précisions ou une autre formulation ou en demandant à d’autres élèves de l’aider.
3.6. Dans mes cours, les élèves sont incités et encouragés à communiquer en jouant différents rôles, par exemple reporter, animateur, gardien de la langue dans les travaux de groupe/liés à un projet, etc.
3.7. Lorsque je structure mes cours, je prévois souvent un temps pour l’écriture. Cela permet aux élèves de réfléchir à ce qu’ils souhaitent exprimer et à la manière d’utiliser la langue de manière cohérente et judicieuse. Écrire permet aux élèves de lire leurs propres textes plus d’une fois avec une attitude critique. ’écriture leur offre la possibilité d’expérimenter la langue, de repérer des mots inappropriés et des erreurs grammaticales, d’améliorer leurs arguments – non seulement par eux-mêmes mais aussi en collaboration avec d’autres. Par ailleurs, écrire influe positivement sur leur expression orale et facilite un traitement cognitif plus approfondi des sujets et des problèmes complexes.
3.8. Afin d’atteindre des objectifs pédagogiques spécifiques à une matière, j’utilise fréquemment des formats de tâches ouverts, qui accélèrent la maîtrise cognitive de la langue académique. À l’inverse, les formats fermés tendent à fossiliser les niveaux de langue atteints et à favoriser essentiellement l’acquisition de connaissances factuelles.
3.9. Mes unités d’enseignement prévoient toujours quelques tâches destinées à stimuler des capacités de réflexion d’un niveau supérieur et qui nécessitent d’élaborer par écrit un discours approfondi : les acquis d’apprentissage et les solutions obtenues, y compris leurs aspects linguistiques, sont examinés individuellement ou en classe. J’utilise également des techniques d’« écriture pour apprendre » (« Textlupe », « Writing beyond the margin », « Four Square Writing ethod »).
3.10. Je favorise le renouvellement linguistique dans les contenus que j’enseigne en prévoyant des tâches et des formes de travaux nécessitant d’importants efforts verbaux, que les élèves trouvent motivantes, par exemple, débats préparés et structurés, jeux de rôle, simulations, présentations suivies d’une évaluation par les pairs, pièces de théâtre, cyberquêtes et entretiens avec des experts réels ou fictifs sur les questions étudiées.
3.11. Les exercices et les travaux en groupes sont organisés de telle manière que les élèves peuvent avoir des échanges verbaux et apprendre les uns des autres, par exemple, travail à deux, construction commune de sens/solutions, rédaction entre pairs, tutorat par les pairs, techniques de type « réfléchir seul – à deux – partager », enseignement par les pairs.
3.12. Ma classe est aménagée de façon à répondre aux besoins linguistiques et communicationnels des élèves. Par exemple, sur le tableau noir ou blanc, un espace est toujours réservé pour y inscrire des astuces et des rappels linguistiques, les tables et chaises sont placées de manière à faciliter la communication pour les travaux de groupe ou les travaux faisant intervenir l’ensemble de la classe, des textes authentiques sont agrandis et affichés en guise de décoration à côté de textes exemplaires rédigés par des élèves, les règles à respecter lors des échanges en classe sont également exposées de manière visible.
3.13. Au moins une fois par semestre, j’organise un projet avec mes élèves qui leur permet d’expérimenter et de révéler leurs compétences communicationnelles par des contacts avec la vie extérieure à l’école, par exemple, enquêtes ou interviews concernant des domaines de travail et des aspects de la société présentant un intérêt pour la classe, actions coopératives/projets communs avec d’autres établissements d’enseignement (universités, etc.) ou avec des commerces locaux, participation à des concours, éventuellement projets transnationaux avec des établissements scolaires partenaires d’autres pays.