en  fr  de
  1. Accueil
  2.  > 
    Programme
  3.  > 
    Programme 2020-2023
  4.  > 
    Compétences en langues familiales
  5.  > 
    Pourquoi évaluer ?

Ressources pour l'évaluation des compétences en langues familiales des élèves migrants

Les enjeux complexes liés à la diversité des situations de mobilités et déplacements

Éducation

Le rôle de l'éducation est de porter l'équité et la diversité comme des valeurs pour optimiser l'accès des élèves à la vie sociale et citoyenne. Ces valeurs sont en tension et, dans la perspective de RECOLANG, elles passent par la prise en compte des compétences linguistiques et culturelles des apprenants au sein des institutions éducatives concernées.

Évaluer les compétences en langues familiales des élèves bi/plurilingues (ayant une histoire de la migration ou non) permet que ces élèves soient considéré·e·s, dans leur parcours scolaire comme porteurs de compétences en lien avec les apprentissages scolaires, et non comme une tabula rasa, ou perçu·e·s uniquement selon leurs carences, leurs manques par rapport aux attendus de l'école (maitrise de la/des langue de l'école, aisance à manipuler les codes et la forme scolaires, etc.).

Les élèves bi/plurilingues ont aussi des atouts, des talents en termes de compétences langagières et culturelles. Il s'agit d'évaluer ces dernières afin que ces élèves puissent les mobiliser, continuer à les développer, les mettre au service de leurs actions et pensées, mais aussi les partager avec les autres élèves qu'ils côtoient.

Les changements nécessaires

Porter ces valeurs en éducation nécessite un changement de représentations et de modèles d’enseignement/apprentissage des langues notamment. 

Ce changement met ces dernières au cœur de l’éducation plurilingue et interculturelle (Coste, Moore & Zarate, 1997/2009 ; Gorter & Cenoz, 2017 ; De Backer, Slembrouck & Avermaet, 2020) et de ses enjeux actualisés. 

« L’enjeu crucial des représentations mène à des pratiques enseignantes ou familiales qui ne sont pas encore satisfaisantes par rapport à l’état des connaissances scientifiques. Il y a donc deux possibilités, du point de vue sociolinguistique et didactique, d’amener une transformation des pratiques et des représentations : la formation/l’information vers les différents acteurs, qu’il s’agisse des parents, des élèves ou des enseignants mais également la proposition de pratiques concrètes. »
Auger, 2018 : 60

Ce changement de modèle dans l’enseignement-apprentissage s’affranchit des idéologies où les langues sont hiérarchisées et se voient attribuer une valeur différente (de type « marché aux langues », Calvet, 2012), et implique un pas de côté vis-à-vis d’approches en didactique des langues inscrites dans un prisme monolingue et mononormatif.

Cacher

L’évaluation des compétences en langues se situe dans ce changement.

On observe en effet l’émergence d’une réflexion sur des approches en évaluation qui considèrent conjointement la diversité des langues d’un répertoire (langues de l’environnement familial, langues de scolarisation antérieure, langues de tradition orale, langues régionales / locales, etc.), leurs variétés (selon les locuteurs, les territoires, les contextes, etc.) et la variation en langues. Prendre en compte cette diversité des langues et en langues mobilisées par les apprenant·e·s, proches de leurs usages quotidiens, permet de soutenir le développement de compétences de communication liées à leurs répertoires langagiers et leurs identités plurielles.

Cette approche de l’évaluation bouscule nos manières d’être, nos rapports à l’évaluation et se situe loin de considérations de l’évaluation en langue qui dessert l’élève, dans le sens où elle ne montre qu’une partie de son répertoire langagier. En effet, ce type d’évaluation ne prend pas en considération toute une autre partie du répertoire, partie qui, souvent, n’est pas reconnue par le système éducatif dans lequel l’élève est inscrit·e.

Il s’agit d’abord d’apprécier les compétences que l’apprenant·e peut mobiliser (et non pas celles qu’il lui reste à développer) dans une des langues de son répertoire, tout en s’autorisant à s’appuyer, dans les modalités de passation et d’évaluation, sur les autres langues et variétés de son répertoire. (Turner & Purpura, 2016)

Vidéo par Nathalie Auger

Recommandation du Conseil de l’Europe

Comme le stipule la nouvelle Recommandation du Conseil de l’Europe sur l’importance de l’éducation plurilingue et interculturelle pour une culture de la démocratie (2 février 2022) :

« Le bon fonctionnement des démocraties dépend de l’inclusion et de l’intégration sociales qui, à leur tour, dépendent de la compréhension, du respect et de l’engagement à l’égard de la diversité linguistique et culturelle. La présente recommandation vise à donner un nouvel élan à la promotion, au développement et à la mise en œuvre de l’éducation plurilingue et interculturelle, en reconnaissant son importance pour le développement personnel et professionnel, l’équité, l’intégration sociale, l’exercice des droits humains et la participation à une culture de la démocratie. ».

Recommandation du Conseil de l’Europe, (2 février 2022)

Le Comité des Ministres recommande également aux États membres de :

« soutenir les efforts déployés par les organisations compétentes pour encourager un débat public au sujet des langues et des cultures, de l’apprentissage des langues et du plurilinguisme, ainsi que de leur importance pour le développement personnel et professionnel, une éducation de qualité, l’intégration sociale et l’accès aux droits humains et à la démocratie ».

Cette recommandation renforce le droit des enfants à avoir accès à une éducation de qualité tout au long de la vie (article 30 de l’UNESCO) et vient en appui au Plan d’action du Conseil de l’Europe sur la protection des enfants réfugiés et migrants en Europe, visant à leur garantir l’accès à leurs droits.

Qui sont les élèves concerné·e·s ?

Les publics scolaires bi/plurilingues concernés par une évaluation des compétences en langues familiales sont divers et tous les âges sont concernés : élèves primo-arrivant·e·s, élèves déjà installé·e·s dans le système éducatif, élèves des filières professionnelles, jeunes adultes en formation professionnelle. Par ailleurs, l’évaluation des compétences en langues familiales peut intervenir :

  1. à différents niveaux : local, régional, national
  2. à différents moments, notamment au moment de l’entrée dans le système éducatif ou à d’autres moments, pour valider un diplôme, accéder à un autre niveau d’étude, etc.

L’importance est d’assurer une cohérence et de coordonner ces différentes étapes en précisant les enjeux aux moments opportuns. Ainsi la diversité des publics renvoie aussi à la diversité des contextes des systèmes éducatifs dans lesquels ils grandissent : organisation des systèmes éducatifs, place des cultures éducatives, etc. Ces éléments complexifient la relation aux apprenant·e·s.

En savoir plus