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Améliorer l’enseignement des langues dans l’enseignement professionnel transfrontalier


Une, deux ou plusieurs langues ?


Lorsque nous réfléchissons à la mondialisation et aux relations internationales sur le marché du travail, nous avons tendance à privilégier la pratique monolingue consistant à n’utiliser qu’une seule langue. L’utilisation de l’anglais comme seule langue commune (ou partagée) semble souvent être le moyen le plus efficace de rendre une conversation accessible à tous. Comme nous l’avons vu dans la section intitulée « Comment gérer la diversité interculturelle sur le lieu de travail ? », l’utilisation des langues est également déterminée sur le plan culturel.

S’il est sans aucun doute utile de connaître et d’utiliser l’anglais en tant que lingua franca dans des rencontres commerciales, il est nécessaire de souligner que d’autres langues que l’anglais devraient être considérées comme des outils linguistiques utiles pour des propos techniques. Outre l’anglais, le plurilinguisme et les aspects (inter)culturels jouent également un rôle essentiel pour la réussite de la communication, en particulier dans les régions frontalières. La création d’une atmosphère plus plurilingue peut contribuer à la réussite de la communication en sensibilisant aux différents horizons linguistiques de chacun, aux défis en matière de communication dus à ces différents horizons, à des compétences linguistiques différentes, etc. Par exemple, l’anglais en tant que deuxième langue peut ne pas suffire si l’anglais est enseigné sans mettre l’accent sur la communication interculturelle. Les travailleurs·euses pourraient alors être compétent·es en anglais, mais pas en communication interculturelle. L’utilisation exclusive de l’anglais peut également entraîner des problèmes de mauvaise communication, qui peuvent être très coûteux pour les entreprises internationales. 

Suivant ces explications, les prochaines sections visent à sensibiliser à l’importance de renforcer le plurilinguisme et le pluriculturalisme pour permettre aux entreprises de faire des profits sur un marché mondial. 

Pour de plus amples informations, veuillez consulter : McCulloch S. (2019), https://familyenterprisefoundation.org/resources/resources/our-insights/articles/2019/july/how-language-barriers-affect-international-business/ 


Objectifs

  • Trouver des images plus différenciées de l’utilisation des langues et de leur gestion au sein des organisations (dans les régions frontalières et au-delà). 
  • Réfléchir à l’utilisation des langues dans l’enseignement dans les contextes d’enseignement professionnel transfrontalier. 
  • Discuter des défis et du potentiel d’une lingua franca dans des groupes plurilingues. 
  • Découvrir des études de cas exemplaires de régions frontalières et des stratégies de communication utilisées.

Travailler au sein d’équipes plurilingues : plus que l’anglais uniquement ?!

Que disent les recherches sur l’utilisation de l’anglais ?  

Les entreprises sont aujourd’hui multilingues. Leurs employé·es parlent et/ou comprennent souvent au moins deux ou trois langues. L’enseignement des langues revêt donc une importance particulière dans la formation professionnelle. Néanmoins, l’anglais en tant que seule langue commune (ou partagée) semble fréquemment être le moyen de communication le plus efficace. Vérifions les deux faces de la médaille.

Raisons de l’anglais uniquement  

D’une part, un argument en faveur de l’anglais en tant que langue courante figure, par exemple, dans l’article intitulé « Un nombre croissant d’entreprises mondiales utilisent l’anglais comme leur langue principale — même si elles sont établies au Japon ou en France » de Borzykowski (2017). L’auteur explique que de nombreuses entreprises qui ne sont pas basées dans des pays anglophones et qui sont dirigées par des locuteur·rices, dont l'anglais n'est pas la langue maternelle, s'accordent à dire que l'anglais simplifie la vie dans les entreprises.

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Anglais uniquement — dans la pratique uniquement pour une minorité !  

D’autre part, la pratique montre qu’il n’existe pas le même besoin ou la même motivation pour une seule langue à tous les niveaux de travail, et que l’anglais ne doit pas automatiquement être la langue de travail utilisée. Alors que les responsables communiquent souvent entre eux·elles en anglais, au niveau de la production, différentes langues nationales — y compris les langues des migrant·es — constituent un outil important pour se comprendre et établir des relations [voir Smart Case Study (hyperlien), Venohr 2016].

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1. Pensez à la phrase/à l’expression suivante du très célèbre psychologue autrichien d’origine, mais naturalisé aux États-Unis et théoricien de la communication Paul Watzlawick :  

« La communication a à la fois un niveau de contenu et de relation. »  

Qu’est-ce que cela signifie pour votre propre travail lors de l’enseignement d’une langue étrangère dans le cadre de la formation professionnelle ?

2. Les partisan·es de l’anglais comme lingua franca soutiennent l’argument du franchissement des frontières par le seul emploi de l’anglais, en particulier dans des contextes professionnels internationaux.

Voici trois déclarations que vous devriez commenter, qu’il s’agisse de votre approbation ou de votre désaccord. Cette approche de « l'anglais uniquement  » correspond-elle à votre région (frontalière) ? 

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Multilinguisme dans les environnements de travail transfrontaliers 
Comme nous l’avons vu, même dans les entreprises avec des activités dans le monde entier, le choix de la langue n’est pas toujours limité à l’anglais comme lingua franca. En raison de la présence d’une autre langue dans le répertoire dans les régions frontalières, la gestion linguistique peut être très spécifique et variée. Examinons quatre exemples différents :

1. Montée en puissance de l’anglais dans la région frontalière lituanienne 

Dans le contexte lituanien, trois langues semblent dominer les lieux de travail : l’anglais, le russe et le lituanien. Toutefois, l’utilisation des langues dépend fortement de l’éducation, de l’âge et de l’identité ethnique. Les jeunes apprenant·es utilisent l’anglais, tandis que les personnes âgées utilisent le russe dans des entreprises multilingues. La position dominante de l’anglais devrait prendre le relais à l’avenir (voir Ramonienė M. (2011). Kalbų vartojimas darbe didžiuosiuose Lietuvos miestuose). 

Voir la page consacrée à la région frontalière lituanienne

2. Le rôle des langues et des cultures au sein du constructeur automobile Smart, situé dans la région frontalière entre l'Allemagne, le Luxembourg et la France – une étude de cas

Informations générales sur l’étude de cas

L’étude de cas suivante, qui se situe dans le secteur automobile, a été réalisée par le groupe de recherche GRETI (Groupement de recherches transfrontalières interdisciplinaires, voir ci-dessus) dans la Grande Région, une région frontalière composée de parties d’Allemagne, de France et du Luxembourg (et de Belgique — entre parenthèses parce qu’elle n’est pas pertinente dans cette étude de cas, mais fait partie de la Grande Région). De plus amples informations sur la Grande Région sont disponibles ici.

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Principaux résultats de l'étude : Surprenants ou clairs comme de l'eau de roche ?
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3. Informations sur les langues et les cultures dans les entreprises ferroviaires de la région frontalière franco-allemande — une étude de cas  

L’exemple de «Alleo» (Deutsche Bahn/DB et SNCF) montre qu’il existe une différence entre une langue d’entreprise (comme l’anglais) et une utilisation négociée d’au moins deux langues autres que l’anglais. Cela conduit à une compréhension plus large de la « culture négociée », dans laquelle les deux langues sont égales, avec des fonctions ou des tâches différentes. Par conséquent, d’autres pratiques en matière de gestion linguistique que l’« anglais uniquement » sont utilisées avec succès. 

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4. Travailleurs frontaliers/Grenzgänger et leur attitude à l’égard de la pratique plurilingue

Le Luxembourg, pays officiellement trilingue qui présente le pourcentage le plus élevé de navetteur·euses transfrontalier·ères dans l’Union européenne avec ses pratiques plurilingues vivantes et vécues sur le lieu de travail est un bon exemple pour les rencontres interculturelles à travers les langues. L’étude sur les travailleur·euses frontalier·ères et leur attitude à l’égard des pratiques plurilingues sur le lieu de travail, réalisée par Wille et al. (2012) montre que « [la] présence [de ces travailleur·euses voyageant quotidiennement de France, de Belgique et d’Allemagne vers le Luxembourg] sur le marché national du travail entraîne une augmentation de la diversité linguistique et culturelle sur les lieux de travail luxembourgeois » (Wille et al. 2012 ET 73).

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Pour les formateur·rices et les apprenant·es

(1) Quel pourrait être le rôle d’autres « linguae francae » que l’anglais ? Pensez également aux langues minoritaires ou aux dialectes qui sont parlés de part et d’autre d’une frontière nationale.

(2) Pourriez-vous établir une biographie professionnelle typique montrant cet effet linguistique transfrontalier ? Comment promouvoir la valeur des pratiques plurilingues sur le lieu de travail pour les apprenti·es dans vos propres cours ?

(3) Qu’en est-il de vos expériences en matière d’utilisation des langues dans des contextes professionnels transfrontaliers ? Quelles stratégies pouvez-vous observer ? Quelles sont les langues utilisées ? Êtes-vous d’accord avec les résultats des études de cas ?

Vous pouvez prendre des notes et les classer dans votre portefeuille.

Tâche supplémentaire : Échangez avec un·e collègue. Partagez-vous les mêmes expériences et observations ? Quelles sont les similitudes et les différences existantes ?

Cette tâche peut également être facilement utilisée en classe : Demandez à vos élèves de réfléchir aux questions ci-dessus. Vous pouvez ainsi leur fournir les études de cas. Permettez-leur ensuite d’échanger et de recueillir leurs expériences et leurs conclusions avec le groupe. Vous pouvez aussi passer dans la langue (étrangère) de l’enseignement ; de cette manière, vos élèves peuvent également former leurs compétences en matière de communication.

Pour les apprenant·es

(1) Commencez à rédiger votre Curriculum vitae (CV) dans vos propres langues. Réfléchissez à des termes non transposables liés aux spécificités des systèmes éducatifs nationaux. Quelles caractéristiques ou quelles données pourraient être difficiles à comprendre ?

Prenez l’exemple du CV Europass et consultez le tutoriel sur la manière de créer votre CV : https://europa.eu/europass/en/create-europass-cv 

(2) Effectuez une recherche sur la publicité d’emploi dans le journal le plus important du Luxembourg, Luxemburger Wort qui existe en quatre versions linguistiques (allemand, anglais, français, portugais). Vous pouvez choisir la langue que vous connaissez le mieux :  https://www.luxtimes.lu/.


Recommandations
Les recommandations relatives à l’enseignement des langues dans les milieux professionnels tirées de cette étude sont les suivantes :

Facteurs clés du soutien à l’apprentissage des langues en général

  • continuer à renforcer (dans ce cas : franco-allemand) le bilinguisme
  • inclure et promouvoir l’anglais sans le rendre essentiel
  • soutenir toutes les langues nécessaires au développement de l’entreprise (dans ce cas précis, l’allemand)

Possibilités de soutien à l’apprentissage des langues

  • accorder la priorité aux stages
  • offrir des possibilités d’apprendre la langue grâce à « l’apprentissage par l’action/la pratique »
  • établir des tandems bilingues
  • valoriser les compétences linguistiques efficaces tout autant que les compétences linguistiques certifiées
  • permettre des développements internes en promouvant les évaluations du personnel (pour comprendre les nuances dans la communication d’une langue à l’autre)

Recommandations supplémentaires

  • recrutement de salarié·es de différents pays
  • maintien des salarié·es dans l’entreprise, par exemple en étendant la politique du double recrutement des profils locaux et des profils internationaux